Bicycle Motocross (BMX)

Contrairement à beaucoup, mon intérêt pour le BMX n’a pas commencé avec les fameuses course-poursuites dans E.T. d’une part parce que j’étais trop jeune à la sortie du film, et d’autre part parce qu’on n’allait tout simplement pas au ciné quand on était petit (mon premier ciné a dû être à l’âge de 10-11 ans!). Je me rappelle très bien de la première fois que j’ai vu des BMXers. C’était dans l’émission de la TSR intitulée Vert Pomme, animée par Yvan Frésard. Une sorte de team habillé dans les tenues ridicules typiques du BMX des années 80 faisait des acrobaties intéressantes sur l’écran de notre petite télé. A l’époque, j’étais convaincu qu’il y avait un trucage lorsque l’un des BMXers a fait un bunny-hop par dessus le vélo de son camarade :) Lorsque, quelque temps plus tard, plusieurs personnes dans les villages alentours ont commencé à recevoir des BMXs en cadeaux de leurs parents, j’étais jaloux. Il y avait notamment Jean-Daniel Fragnière qui en avait un beau chromé (et qui, surprise, arrivait à faire des bunny hops!), la copine à Laure Zurbuchen qui en avait un avec des pegs et des tuff wheels, couleur fluo, ou encore Frédéric Allemann qui en a reçu un en cadeau de sa maman parce qu’il avait fait des bonnes notes à l’école. Malheureusement, comme beaucoup de choses, le BMX allait être interdit par mes parents, peu importe les résultats scolaires. Une des raisons que j’ai retenue est que “ce sont des vélos trop fragiles” (no comment! je pèse presque 90kg et je casse rarement des pièces!). La première vague du BMX passait gentiment, et était remplacée par celle des skateboards, puis des rollerblades. J’ai pas mal participé aux deux modes, histoire probablement aussi de ne pas être le gars rejeté parmi tous. Il y aurait beaucoup d’anecdotes à raconter sur mes aventures en skateboard (descentes du Gibloux,… ) ou en roller (le mystérieux vol de ma première paire, n’est-ce pas Séverine… ), mais c’est pas le sujet. Quand on a déménagé à Bulle, j’étais toujours un fervent “fruitbooter”. Ce n’est que lorsque Gaby est arrivé à Bulle aussi (et puisqu’il n’arrive pas à faire du patin ;) que le BMX est revenu au goût du jour. On a tous les deux réussi à trouver un BMX d’occasion chez les gamins du quartier (ceux qui avaient eu la chance d’avoir des parents généreux ;). Le mien m’a coûté 40 chf. Un vrai plaisir. On a commencé à rôder dans les magasins de cycles de Bulle pour trouver des catalogues de BMX. J’avais trouvé le numéro de téléphone de l’importateur GT pour commander un catalogue (que j’ai soigneusement gardé). Tout ça c’était en 1995. J’avais donc 15 ans et pas encore suffisamment d’argent pour m’acheter un “vrai” BMX comme les pros des X-Games. En effet, Eurosport avait commencé à diffuser les X-Games, qu’on a suivis dès la première édition (et enregistrés sur VHS!). Depuis le divorce de mes parents et le début de mes études au collège, je touchais une bourse d’étude. Mon compte en banque commençait donc à se remplir et j’ai finalement craqué pour un Haro Ultra, année 1996. En vérité, j’avais trouvé un catalogue d’un magasin à Zurich (Flamingo) qui vendait des BMX Haro, et j’avais opté pour un Blammo, le modèle que Dave Mirra utilisait. Malheureusement, Flamingo n’en avait plus en stock, et par conséquent, j’ai acheté un Haro Ultra. La même année, Gaby s’est offert un Mongoose DMC, le BMX officiel de Dennis McCoy à l’époque. L’année d’après, j’ai réussi à négocier un Haro Blammo neuf à 1000 chf.

Equipés de nos beaux BMXs, on passait le 90% de notre temps libre au skatepark de Bouleyres à Bulle. Celui-ci commençait à prendre forme grâce à l’association RollerStones : jump box, miniramp, halfpipe, quarters, pyramides, rails. Influencés par les vidéos de BMX qu’on arrivait à enregister sur Eurosport, M6 et MCM, ou encore des vidéos comme RoadFools 1, Fox Expandable Youth, on a commencé à chercher des gaps et à creuser des champs de bosses. Probablement que les mots sont mal choisis, parce que d’une part les “gaps” en question consistaient plutôt en des sauts de marches pas franchement énormes (nos colonnes vertébrales nous en remercient) et d’autre part, les “champs de bosses” n’était pas vraiment des champs, mais plutôt des mini sauts isolés et éparpillés dans la forêt. Celui par-dessus le ruisseau reste d’ailleurs mémorable. Matthieu Gremaud, un autre BMXer de Bulle, avait réussi à convaincre la ville de nous fournir de la terre pour construire un petit dirt. Par flemme, et c’est bien dommage, on n’a jamais trop profité de l’occasion. Pendant une année, on a eu 2 doubles de 4-5m praticables, mais c’est tout. Au collège, entre 1996 et 1999, alors que j’habitais à Bulle, j’ai donc fait pas mal de BMX, mais sur des spots très limités. Avec Gaby, on est aussi souvent allé rouler en vtt en forêt (une petite pensée pour Lionel Seydoux).

Ensuite, en septembre 1999, j’ai déménagé à Chavannes-près-Renens pour commencer mes études à l’EPFL. La première année dans cette école était probablement la pire de ma vie (pour le moment, comme dirait Homer) pour diverses raisons, et le manque de BMX y est peut-être pour quelque chose. J’avoue que je rentrais régulièrement à Bulle le weekend pour rouler avec Gaby. Je me rendais aussi (rarement) en BMX à la piste de bicross d’Echichens; ce qui faisait tout de même 8 km rien qu’à l’aller, juste pour rouler sur une piste de BMX, il fallait le vouloir! En 1999, je me suis acheté un nouveau BMX : un DK General Lee, aux couleurs de la fameuse Dodge Charger des Dukes of Hazzard.

Pour ma troisième année à l’EPFL, je suis parti 2 semestres à Carnegie Mellon University à Pittsburgh avec comme bagages une valise de fringues et un carton contenant mon DK General Lee. J’avais la ferme intention de profiter d’être une année aux USA pour faire du BMX. Pittsburgh et la Pennsylvanie sont connues pour leurs trails et c’était l’occasion idéale d’y rouler. Malheureusement, il n’en fut rien. La charge de travail à l’uni y était pour quelque chose, mais c’est surtout ma timidité légendaire qui m’a empêché de me bouger le cul. Le pire, c’est que pendant la première semaine sur place, j’ai croisé des BMXers sur le campus de l’uni, je suis allé chercher mon BMX, et j’ai streeté toute la soirée avec eux. L’un d’entre eux m’a même filé son numéro de portable et m’a dit de l’appeler si je voulais aller rouler un jour, et de profiter puisqu’il avait une voiture! Je suis vraiment trop con… je regrette tellement et je vais le regretter le restant de ma vie de BMXer :( Pendant toute mon année aux USA, j’ai touché à aucun trail, ni skatepark! Par contre, je suis allé voir les X-Games à Philadelphia. C’était sympa.

Une nuit, alors que je bossais tard à l’uni (2h-3h du matin), je me suis fait voler mon BMX. Je suis passé au poste de police, mais ils n’ont rien pû faire. Grâce à maman, notre assurance m’a remboursé la totalité du prix du BMX (en réalité, maman à envoyé la facture de danscomp, qui contenait non seulement mon DK General Lee pour 700$, mais aussi des pièces pour quelques 100aines de dollars). Je disposais donc d’une belle somme pour me commander un nouveau BMX : un S&M Dirtbike Classic.

De retour en Suisse, je me suis bougé un peu plus et me suis pris un abonnement au skatepark de Lausanne. Quelques mois plus tard, il allait fermer aux BMXers, sous prétexte que nos engins endommagent les rampes, que c’est un sport dangereux (des parents se sont plaints parce que leur gosses se sont cassés des os… je vois pas en quoi le skatepark est responsable… ). Pendant mon séjour aux USA, je lisais le forum alt.bmx, où, le comble, j’ai fait la connaissance de Stephen, un BMXer (aujourd’hui ex-BMXer) de Fribourg. Dès mon retour, je suis donc allé quelques fois aussi rouler à Fribourg, puisqu’il y a une mini à spine. C’est également en 2003 que je suis allé la première fois au skatepark de Genève. Je ne savais pas qu’il y en avait un dans la cité au bout du lac Léman. C’est en regardant la météo sur la TSR un jour que j’ai vu le skatepark de Plainpalais. J’ai donc quand même habité 3 ans à Lausanne sans jamais aller à Genève… quelle perte de temps! Histoire de rattraper ce temps perdu, Fred, Gaby et moi avions passé une fois un weekend complet au skatepark de Genève. Arrivé samedi, un peu de riding, feux d’artifice des fêtes de Genève, bourrage de tronche à la bière tiède sur la rade, retour au skatepark de Plainpalais tant bien que mal, dodo sur la mini (!!!), réveil vers 10h, et re-riding. Trop bon. Une fois mon diplôme de l’EPFL en poche, je décroche un job à Genève. Dès mi-2004, je passe mes meilleurs moments BMX depuis ma période du collège. J’ai petit à petit fait un peu connaissance avec les locaux genevois: les 3 Adriens, Thomas, Stéphane, Olivier, Manouche, Félix, Momo & co… J’ai aussi découvert qu’il y avait plus qu’un skatepark, puisqu’on peut rouler sur 2 trails (Vessy et Clap).

Cette année, je me suis permis l’achat d’un nouveau kit cadre (cadre-fourche-potence-guidon). Je suis 100% satisfait de mon investissement.

Je ne sais pas combien d’année je vais encore pouvoir faire du BMX, j’espère encore 5-6 ans sans trop de problèmes (articulations, dos). Et pour tous ceux et celles qui trouvent que j’ai l’air ridicule sur ce petit vélo: demandez-vous pourquoi vous ne trouvez pas ridicule que 22 bonshommes qui courent après un ballon pour le foutre dans une zone appelée “but” gagnent des millions et sont adulés par des millions (oui, je parle de foot). Quand on y réfléchit bien, tout sport est ridicule. Pour moi, le BMX a du sens. Ce n’est pas explicable à une personne qui ne partage pas cette passion. C’est comme ça.